lundi 16 octobre 2006

Elisa

Elisa, c’est le prénom du test qui te dit que t’es encore séronégatif, que tu en as encore pour un moment à rester là, les bras croisés, à combattre le néant. Tu sors prendre l’air. Tu rentres chez toi pour travailler un peu. Ta vie passe, tu viens d’avoir 24 ans et tu ne te demandes même plus ce que l’avenir te réserve. Tu te surprends parfois à rêver face à ton miroir, espérant quelque révolution. Un jour, toi aussi tu auras ta chance. Oui, ce jour viendra. Alors tu penses qu’il faut continuer tes études tout en gardant la lucidité que tout plaquer pour bosser réellement, je veux dire pour un patron, qui te paie, serait sans aucun doute une meilleure façon de se confronter à cette réalité qu’ils ont fabriquée pour toi. Pour eux, les vieux, c’est fini les projets. Leur machine est en place. Ils ont pleuré toutes les larmes de leur corps irrité par les fumées lacrymogènes, ils ont saigné rue des Ecoles, ils ont hurlé leur avenir face aux matraques place de la Sorbonne et ils l’ont eue. Ils savent comment marche la jeunesse, ils en ont été les laborantins. De leurs mains vicieuses, ils ont testé leur propre jeunesse face au reste du monde pour en connaître les forces, mais également les failles. Ces même failles qu’ils utilisent dorénavant à leur avantage. Parce qu’ils sont vieux, parce qu’eux aussi sont passés par là et saisissent alors les opportunités. La jeunesse au pouvoir. La jeunesse sans âge d’il y a longtemps.

Elisa cherche-moi des poux, enfonce bien tes ongles. Cherche bien. S’il te plait.